2.1.1 Résumé des données probantes et du raisonnement

Le dépistage systématique dans la population générale est effectué à condition qu’il entraîne un double bénéfice : pour les personnes diagnostiquées comme tuberculeuses et pour la communauté au sein de laquelle le dépistage est effectué. Les individus diagnostiqués comme tuberculeux peuvent bénéficier d’une réduction du retard de diagnostic, de meilleurs résultats de traitement et de moindres pertes financières et coûts associés à la maladie. Le dépistage bénéficie également à la santé publique grâce à une diminution de la prévalence de la tuberculose au sein de la population, qui entraîne une diminution de la transmission ultérieure de la tuberculose.

Il existe peu de données probantes directes concernant le bénéfice pour les individus lié à une meilleure réussite du traitement ou à une diminution de la mortalité lorsque le dépistage de la tuberculose est effectué dans la population générale. Certaines données montrent que le dépistage systématique contribue à réduire le retard du diagnostic de la tuberculose et permet de détecter les patients à un stade plus précoce de leur maladie. Des données montrent aussi que les interventions de dépistage entraînent une diminution des coûts pour les patients détectés grâce au dépistage et, de manière plus fondamentale, une réduction du risque de coûts catastrophiques pour les patients détectés grâce au dépistage et pour leur famille. Toutefois, certaines données montrent que la proportion de personnes qui ne commencent pas un traitement est plus élevée chez les individus identifiés grâce au dépistage que chez ceux qui présentent les symptômes de la maladie.

Concernant les avantages du dépistage pour la communauté, les données divergent quant au fait que le dépistage systématique de la tuberculose améliore la détection et la notification dans la population générale, et aucune série de données n’est issue d’essais randomisés. Toutefois, des données probantes montrent un effet sur la prévalence et la transmission de la tuberculose. Un essai réalisé au Viet Nam dans une population ayant une prévalence estimée de 0,35 %, qui a utilisé 3 années de collecte annuelle d’expectorations en porte à porte et de tests annuels réalisés à l’aide du test Xpert MTB/RIF, a montré que le dépistage systématique avait réduit la prévalence de la tuberculose-maladie chez les adultes (13). Une étude d’observation effectuée en Chine entre 2013 et 2015 a conclu que trois vagues de dépistage des symptômes en porte à porte suivies d’une radiographie thoracique étaient associées à des réductions en série du nombre absolu de personnes détectées comme tuberculeuses (14). En outre, deux essais ont montré des fréquences inférieures d’infection tuberculeuse chez les enfants dans les « clusters » (ou grappes de cas) où l’intervention avait lieu par rapport à ceux qui n’avaient pas bénéficié de l’intervention (13, 15).

Il s’agit d’une recommandation mise à jour : auparavant, le dépistage systématique de la tuberculosemaladie dans la population générale était recommandé dans des populations spécifiques présentant des niveaux extrêmement élevés de tuberculose non détectée, définies par une prévalence supérieure ou égale à 1 %. Sur la base des données probantes mises à jour examinées, le GDG a conclu que le seuil de 1 % recommandé dans les lignes directrices de 2013 pouvait être abaissé, mais a considéré que le dépistage dans des conditions programmatiques n’aurait pas d’aussi bons résultats que ceux observés dans l’essai réalisé au Viet Nam et a donc proposé un seuil de 0,5 % pour orienter la mise en œuvre dans les pays. Le GDG a donc recommandé que le dépistage dans la population générale soit envisagé dans des zones bien définies où la prévalence de la tuberculose non détectée est supérieure ou égale à 0,5 % (voir l’Annexe Web B, Tableaux 1 et 2, et l’Annexe Web C, Tableau 1).

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