2.1.2 Considérations relatives à la mise en œuvre

L’ampleur et l’équilibre des effets souhaitables et indésirables varient selon les conditions épidémiologiques (prévalence de la tuberculose et des facteurs de risque) et l’intensité de l’intervention de dépistage mise en œuvre (couverture de la population et sensibilité de l’algorithme et du test de dépistage). Il n’existe actuellement aucune preuve que le dépistage à l’échelle de la population réalisé à l’aide d’algorithmes de dépistage moins sensibles qui commencent par le dépistage des symptômes soit efficace pour réduire la prévalence ou la transmission de la tuberculose dans la population. Cependant, des preuves limitées montrent que le dépistage à l’aide d’outils de dépistage fondés sur les symptômes peut être bénéfique pour les personnes chez qui la tuberculose a été diagnostiquée, en permettant un diagnostic plus précoce et une tuberculose-maladie moins grave, des coûts moindres pour le patient et un risque moindre de coûts catastrophiques liés à l’évolution de la maladie. L’équilibre entre les avantages et les effets néfastes potentiels du dépistage peut pencher en faveur de l’intervention en fonction de certains facteurs tels que la prévalence de la tuberculose dans la population à dépister (en particulier la tuberculose non détectée), la précision des tests de dépistage et de diagnostic utilisés, le niveau actuel de détection des cas de tuberculose et la vulnérabilité de la population à dépister.

Le dépistage doit être effectué à l’aide de l’algorithme de dépistage le plus sensible et le plus spécifique possible, avec un test de dépistage pour identifier les personnes les plus susceptibles d’être atteintes de tuberculose et un test de diagnostic pour confirmer le diagnostic. Les tests de dépistage très précis, tels que la radiographie thoracique et les mWRD, ont une sensibilité ou une spécificité élevée, voire les deux ; cependant, la faisabilité de leur utilisation est affectée par les exigences liées aux ressources et à la mise en œuvre. Le dépistage des symptômes est moins précis (sensibilité ou spécificité réduite, voire les deux), mais il est généralement considéré comme beaucoup plus facile à mettre en œuvre. Des données récentes suggèrent qu’il est possible de réduire la prévalence de la tuberculose dans la population en procédant à des dépistages annuels répétés à l’aide d’un algorithme de dépistage sensible (mWRD suivi d’une évaluation clinique) (13). Pour une discussion plus approfondie sur ce sujet, voir à la Section 3 les recommandations sur les outils de dépistage.

Si la mise en œuvre d’un programme de dépistage à l’échelle de la population nécessite inévitablement un investissement important de ressources, elle pourrait permettre aux services de santé de réaliser des économies à long terme grâce à une réduction de l’incidence future. Les coûts du dépistage à l’échelle de la communauté varient considérablement, car ils dépendent des tests de dépistage et de diagnostic utilisés et de la prévalence de la tuberculose dans la population. Le rapport coût/efficacité d’un dépistage à l’échelle de la population à l’aide d’un algorithme très précis n’est pas connu, mais plus la prévalence est élevée, plus le rapport coût/efficacité de l’intervention sera élevé. L’utilisation d’un algorithme de dépistage et de diagnostic très précis nécessitera inévitablement plus de ressources que les approches de dépistage basées sur les symptômes, mais son potentiel de diminution de la charge de la tuberculose dans la population est plus élevé.

La fréquence optimale du dépistage dans la population générale pour obtenir des avantages au niveau des individus ou de la communauté reste floue. Il existe également des incertitudes quant à la manière dont les individus évaluent les avantages attendus du dépistage. Un examen des études qualitatives sur les perceptions communautaires du dépistage de la tuberculose a montré qu’en général, le dépistage était considéré comme acceptable. Cependant, la résistance au dépistage était fréquente. Elle résultait d’une combinaison de facteurs disparates, tels que la perception d’un faible risque de tuberculose chez les participants en bonne santé, le peu de conviction quant à l’efficacité du dépistage, la mauvaise opinion des services de lutte contre la tuberculose offerts dans la communauté, les inquiétudes concernant la confidentialité et la divulgation possible du diagnostic, et l’anxiété quant à la nécessité de prendre des médicaments antituberculeux.

Des recommandations distinctes sont formulées pour certains groupes à haut risque dans les sections suivantes. Voir le manuel opérationnel pour plus de détails sur les aspects pratiques de la mise en œuvre des interventions de dépistage de la tuberculose à l’aide des différents outils et algorithmes (7).

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