3.1.2 Considérations relatives à la mise en œuvre pour tous les outils

Le GDG a considéré que les trois approches – dépistage des symptômes, radiographie thoracique et mWRD – pouvaient jouer un rôle dans le dépistage de la tuberculose dans la population générale. Pour les outils, le GDG a proposé le classement suivant en fonction de leur précision : premièrement, la radiographie thoracique ; deuxièmement, les mWRD ; troisièmement, le dépistage de tout symptôme de tuberculose (sensibilité plus élevée et spécificité plus faible) ; et quatrièmement, le dépistage de toute toux ou d’une toux durant plus de 2 semaines (sensibilité plus faible et spécificité plus élevée). Cependant, la facilité de mise en œuvre du dépistage des symptômes est de loin la plus élevée ; elle est nettement moindre pour la radiographie thoracique et les mWRD, qui nécessitent des équipements et des ressources supplémentaires. Le GDG a noté que des facteurs liés à la sélection des patients, au parcours et au moment du dépistage peuvent affecter les mesures de précision observées dans la radiographie thoracique utilisée pour détecter la tuberculose. Les inférences qu’il est possible de tirer sur l’utilisation des mWRD pour le dépistage dans la population générale se rapportent principalement à des études regroupées dans des populations à haut risque. Par conséquent, il n’est pas certain que les résultats soient directement applicables à une population générale ayant une charge de tuberculose comparable. Pour plus de détails sur la recommandation, voir l’Annexe Web C, Tableau 1.

Le GDG a noté que les différentes approches de dépistage des symptômes présentent des compromis variables en termes de sensibilité et de spécificité. La faisabilité de la mise en œuvre du dépistage des symptômes en fait une option beaucoup plus accessible du point de vue programmatique. Le dépistage des symptômes fait partie intégrante du bilan clinique et peut être répété aussi souvent que nécessaire.

En revanche, des ressources supplémentaires sont nécessaires pour réaliser des radiographies thoraciques et des mWRD. La radiographie implique une exposition à certains rayonnements ionisants, qui peuvent augmenter les risques à long terme de cancer. Ces dernières années, les innovations en matière de radiographie ont permis de réduire considérablement les niveaux d’exposition aux rayonnements. La radiographie thoracique est largement considérée comme sûre pour une dose de rayonnement de 0,1 mSv, qui correspond à 1/30 de la dose de rayonnement annuelle moyenne de l’environnement (3 mSv) et à 1/10 de la dose annuelle de rayonnement ionisant acceptée pour le grand public (1 mSv). Les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables aux rayonnements ionisants provenant de la radiographie, et les enfants, qui ont une espérance de vie plus longue, ont plus de temps pour développer des effets sur la santé induits par les rayonnements. Cependant, pour une femme enceinte et son fœtus et pour les enfants, il a été estimé que lorsque les bonnes pratiques sont respectées, la radiographie thoracique ne présente pas de risque significatif, car le faisceau principal est éloigné du pelvis (68).

La précision des mWRD diffère selon qu’ils sont utilisés pour le dépistage ou le diagnostic (69), et différentes valeurs prédictives sont associées à un test positif et à un test négatif en raison des différences de prévalence de la tuberculose dans les populations testées. De ce fait, les résultats doivent être interprétés de manière appropriée, et les personnes dont le dépistage de la tuberculose à l’aide d’un mWRD est positif doivent faire l’objet d’une évaluation clinique approfondie, qui peut inclure d’autres tests et procédures – comme une radiographie thoracique, un nouveau mWRD sur des expectorations supplémentaires, ou d’autres examens – pour établir un diagnostic définitif de la tuberculose avant de mettre en place un traitement. Ces tests ne peuvent être utilisés sur les expectorations que lorsque la personne peut expectorer. L’extension de l’utilisation des mWRD doit être envisagé en priorité pour le diagnostic (si l’accès total n’est pas encore atteint), avant une éventuelle extension au dépistage. L’utilisation d’un mWRD comme outil de dépistage nécessite des ressources importantes, notamment des capacités accrues de diagnostic et de transport des échantillons et l’expansion des réseaux correspondants. En fonction de la faisabilité et des ressources disponibles, les pays peuvent choisir de donner la priorité au dépistage de la tuberculose à l’aide des mWRD dans certaines sous-populations présentant un risque plus élevé de tuberculose.

Les pays doivent positionner le dépistage des symptômes, la radiographie thoracique et les mWRD dans les algorithmes nationaux de dépistage et de diagnostic de la tuberculose, en fonction des buts et objectifs du dépistage, des populations dépistées, de la faisabilité, des ressources disponibles et de l’équité. Le manuel opérationnel présente un éventail d’algorithmes de filtrage possibles, avec les performances modélisées du rendement attendu.

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